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Renouvellement des réseaux d'eaux : enjeu sécuritaire, sanitaire et environnemental

Photo : Adobe Stock

Si les épisodes de canicule et de sécheresse sévères, toujours plus fréquents, nous montrent avec évidence que l'eau est à préserver à tout prix, certains enjeux cruciaux relatifs à cette ressource vitale sont invisibles, car ils se jouent en sous-sol.

Avec un million de kilomètres de canalisations d'eau potable dans l'Hexagone et 380 000 km de canalisations pour les eaux usées, le réseau de distribution et d'assainissement est partout sous nos pieds. Mais après plus de cinquante ans de service, il est vieillissant sur pratiquement tout le territoire, ce qui entraîne une érosion progressive de son niveau de performance.

Cette vétusté souvent naturelle est à l'origine de fuites dans les sols et le sous-sol, qui peuvent altérer la tenue structurelle de bâtiments et être ainsi à l'origine d'effondrements dramatiques en milieu urbain, comme ceux récemment déplorés dans plusieurs agglomérations françaises.

Ces réseaux fuyards mettent aussi en danger les milieux récepteurs et la ressource, dans le contexte de la transition environnementale qui a justement pour objectif de les préserver au maximum : déversement d'eaux usées rejetant des substances toxiques dans les sols et le sous-sol et mettant la biodiversité en péril, et pertes massives d'eau potable – jusqu'à 25 % avant approvisionnement.

Un défi pour les collectivités et les agences de l'eau

Ce contexte met en exergue l'indispensable renouvellement des réseaux d'eau français. Mais l'importance des travaux et la nécessité d'une approche globale, pragmatique et intelligente, induisent un défi aux multiples facettes pour les plus de 30 000 collectivités et agences de l'eau qui gèrent les réseaux d'adduction et d'assainissement : préservation des milieux récepteurs, réduction des fuites et respect de l'environnement, maintien de la qualité et de la quantité d'eau distribuée, choix de produits performants et rationalisation des matériaux utilisés pour les réseaux, pertinence de ceux-ci selon la destination, durabilité, etc. Un défi d'autant plus complexe que les réseaux sont enfouis et donc difficiles d'accès, et parfois même mal connus.

À ce titre, la phase de diagnostic souterrain est une étape décisive qui va contribuer à déterminer le choix de renouveler ou de réhabiliter. S'agissant des réseaux d'adduction d'eau potable, le renouvellement est le processus le plus adapté pour assurer la sécurité hydrique et d'approvisionnement tout en préservant la ressource.

Concernant l'assainissement, deux options sont envisageables : le remplacement des canalisations – qui suppose des travaux de grande envergure – ou la réhabilitation de celles-ci – moins coûteuse et plus rapide – via des procédés de chemisage, d'insertion de coques rigides ou de projection de résine. Dans le cas d'un réseau d'assainissement non collectif, il est par ailleurs indispensable de faire vérifier la durabilité du média filtrant utilisé, afin de garantir un stockage performant et d'éviter d'affecter les milieux récepteurs.

Toujours dans cet objectif de préservation de l'environnement et de rationalisation de l'utilisation des ressources, les industriels proposent des produits innovants incorporant des matériaux plasturgiques recyclés. Des études sont en cours pour évaluer avec précision leur durabilité en fonction des produits recyclés injectés, tout en garantissant une durée de vie standard de cinquante ans. Elles devraient arriver à leur terme d'ici à 2024.

Notons que la durabilité de certaines canalisations pourrait être portée à cent ans pour les systèmes d'assainissement conçus à base de matériaux PRV, très robustes. Des travaux de recherche, dont les premiers résultats devraient être délivrés d'ici deux ans, sont également dédiés à cette thématique, qui suppose toutefois de savoir identifier et matérialiser des preuves fiables de cette pérennité allongée, quel que soit le matériau.